Une merveilleuse soirée

Chères amies musiciennes, chers amis musiciens du Brussels Philharmonic, mes chers choristes,

Ce concert de Strasbourg, une fois de plus, fut une merveilleuse soirée. Vous avez su surpasser les aleas pratiques pour donner le meilleur de vous-mêmes. La musique a eu le dessus. C’est la preuve que vous êtes de véritables artistes, que votre idéal est toujours au centre de votre vie. Et cet idéal, quand il sert l’art d’aujourd’hui, est plus méritoire encore. Parce que l’art contemporain n’est jamais facile à appréhender. Il anticipe. Il projette vers l’avenir. Et les esprits sont déconcertés face à l’inédit.

Je veux vous remercier pour Le Cri de Mohim… Ecrire est terrible. Angoissant. Bien plus terrorisant que de jouer la musique des autres. Mon maître Markevitch a arrêté de composer très jeune. Il me disait : « Je n’en pouvais plus que l’on me dise sans cesse que mes « enfants » étaient laids, agaçants, insupportables… » Il faut une sacrée dose d’opiniâtreté (ou d’inconscience !) pour continuer de créer dans le monde actuel. Mais vous êtiez là. Avec vos sourires complices. Vous n’avez aucune idée du bonheur que vous m’avez apporté quand j’ai entendu Eddy et Danny répéter leurs traits pendant la pause ou Ivo venir me demander si c’était bien un si et non un si bémol. Bref il y aurait encore tant à dire aux uns et aux autres…

L’art d’aujourd’hui est à notre image. Il est notre miroir. Il est au miroir de l’homme d’aujourd’hui, comme étaient au miroir de l’homme du XIXe siècle les musiques de Brahms ou Tchaikowsky. Difficile d’imaginer que les auditeurs d’alors furent déconcertés par ces compositions romantiques. Et pourtant ils le furent aussi. Et donc hier soir, au-delà de ces musiques actuelles qui déroutent, vous avez donné toute votre énergie, toute votre dévotion, toute votre compétence. Je vous ai admirés. Et le public aussi vous a admirés. Et aussi les compositeurs, la direction du festival Musica, les divers responsables musicaux venus d’ici ou ailleurs. Tous furent frappés par votre engagement, votre cohésion. Une chose est certaine, il règne dans notre orchestre un esprit positif, une volonté de très bien faire… Cela est rare…  Sachons l’entretenir ensemble… Merci.

Michel Tabachnik


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